La pléthore d'informations circulant sur l’Internet et, plus particulièrement, sur les réseaux sociaux, a donné lieu à la création du néologisme infobésité, qui caractérise la surcharge informationnelle à laquelle nous nous exposons de manière plus ou moins volontaire. Comment expliquer cette surabondance et de quoi est-elle précisément surabondance ?
Pour partir de la seconde question, il s'agit d'information – qu'on orthographie au singulier. On désigne en effet, par ce mot, non des récits ou des connaissances, mais des flux informationnels prenant la forme de textes, d'images animées ou inanimées, de sons qui composent ensemble l'expérience la plus ordinaire que nous faisons de l'Internet et des réseaux sociaux, où nous sommes avant tout exposés à de l'information. Sa surabondance précède effectivement le tri ou les choix que nous faisons parmi ces flux ; et c'est pourquoi, d'une certaine façon, ce tri ou ces choix s'effectuent toujours dans une certaine urgence, qui excède naturellement nos capacités de réception, d'interprétation et donc notre liberté même de choisir en connaissance de cause. En elle-même, la surabondance n'est donc pas un vecteur de liberté, mais un obstacle à la liberté intellectuelle et pratique, dont elle sature les principes et encombre les ressorts.
D'où il est possible de répondre à la première question : la surabondance à laquelle nous sommes exposés ne résulte pas seulement du nombre très considérable d'acteurs de l'Internet et des réseaux sociaux*, mais aussi du fait que les flux d'information ne sont plus gérés, ni exclusivement générés par des usagers, mais qu'ils le sont par les machines informatiques elles-mêmes, dont les calculs et les traitements statistiques ont une incidence significative sur la visibilité des énoncés et par conséquent sur l'adhésion qu'ils suscitent. Autrement dit, nous ne choisissons jamais seuls les flux auxquels nous nous exposons : ils sont au moins partiellement « choisis » par les programmes informatiques opérant sous nos applications favorites.
Ainsi, si, à l'âge des réseaux sociaux, on en est venu à parler de « vérités alternatives », on se prépare aussi, à l'âge des intelligences artificielles, à faire face aux « hallucinations » des algorithmes**.
* Selon l'entreprise Statista, 50 millions de Français utiliseraient les réseaux sociaux, sur une population d'environ 70 millions : https://fr.statista.com/themes/2761/l-usage-des-reseaux-sociaux-en-france/.
** Dans le présent contexte, une « hallucination » est une information (ou un résultat informationnel) d'apparence parfaitement cohérente, mais dans le même temps parfaitement injustifiée et souvent injustifiable.
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